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C’est finalement le consommateur qui va payer le compteur Linky

Le coût du compteur Linky a de nouveau été pointé du doigt dans un article du “Parisien”, suscitant un tollé chez plusieurs élus.

ÉLECTRICITÉ – Un boîtier vert qui déchaine les passions.

C’est un article du Parisien publié ce lundi 31 mai dans la soirée et consacré au coût du compteur Linky qui a remis le feu aux poudres. S’appuyant sur un rapport de la Cour des Comptes de 2018, le quotidien y détaille par le menu comment la facture du compteur communicant pourrait revenir in fine aux consommateurs via le mécanisme de “différé tarifaire” qui doit entrer en vigueur en 2022. Et ce, contrairement à la gratuité totale qui avait été promise par les pouvoirs publics lors de son lancement en 2011.

L’article a suscité un tollé sur les réseaux sociaux et plusieurs élus ont réagi à l’instar du sénateur communiste Fabien Gay, ou de l’eurodéputé du Rassemblement national Gilbert Collard. 

Concrètement, reprenant le rapport de 2018, 

Le Parisien rappelle que les investissements pour les compteurs Linky s’élèvent à 5,7 milliards d’euros pour Enedis, soit 130 euros pour un compteur. Pour financer cela, l’entreprise a pioché à hauteur de 10% dans ses fonds propres et a contracté un prêt auprès de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) avec un taux très avantageux de 0,77%.

Or, rappelait la Cour des Comptes il y a trois ans, c’est là où le mécanisme de “différé tarifaire” entre en jeu puisqu’il constitue en réalité “une avance faite par Enedis, remboursée par les consommateurs”. Dès l’année prochaine, il se matérialisera assure Le Parisien, par “plusieurs centaines de millions d’euros prélevés chaque année sur la facture, pour un total de 2 milliards d’euros en 2030”. 

Surtout pointait la Cour des Comptes, ce mécanisme est particulièrement favorable à l’entreprises. Les consommateurs vont en effet rembourser plus que ce qu’a emprunté Enedis, puisque le taux d’intérêt du remboursement est de 4,6%, soit bien plus donc que les 0,77% de la BEI. À la clef sur la période 2014-2031, il y aura donc “un surcoût pour les usagers de 506 millions d’euros”. Et une marge de 2,8% pour Enedis.

Enedis se défend

Ce rapport de la Cour des Comptes, jugé “erroné” par Enedis et la Commission de régulation de l’énergie (CRE), avait déclenché une levée de boucliers et notamment la mise en place d’une pétition par l’UFC Que Choisir, dans laquelle elle avait calculé un surplus de 15 euros par ans pendant 10 ans.

Enedis s’est toujours défendu en évoquant un calcul “neutre” pour le consommateur à long terme et en se basant notamment pour cela sur une étude d’impact de 2011 commandée par la CRE et qui montre que la “neutralité” économique du projet serait atteinte en 2038. 

Parmi les arguments utilisés par Enedis et la CRE: le consommateur pourra mieux maîtriser sa consommation et donc ses dépenses grâce au boîtier connecté. Mais sur ce point-la précisément, la Cour des Comptes a jugé en 2018 que le dispositif était insuffisant.

Le deuxième gain avancé par Enedis, notamment ce mardi 1er juin par l’attaché de presse de l’entreprise James Dambrine dans une vidéo sur Twitter, ce sont les économies de fonctionnement. Un système comme Linky, ce sont des opérations à distance, des déplacements en moins, des fraudes mieux détectées…

Ces économies de fonctionnement sont estimées par la CRE à 1 milliard d’euros d’ici la fin 2024. “Ces gains permettent notamment de compenser la hausse des charges de capital induite par le déploiement de Linky, qui commence à être répercutée aux consommateurs”, écrit-elle à cet égard. 

Avec quels effets sur la facture? Comme l’explique au Parisien Anne-Sophie Dessillons, directrice adjointe des réseaux à la CRE, ces économies “pourraient impacter positivement le tarif d’utilisation du réseau. Certes il ne baissera pas, mais peut-être augmentera-t-il un peu moins vite que si Linky n’avait pas été déployé”.

Source : huffingtonpost.fr

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